HistoireDo not go gentle into that good night. Je resserre la lanière de mon carquois et mes doigts se pressent avec force autour du manche de mon arc. Je me regarde de haut en bas avant de jeter un regard en biais au portrait de ma mère. J'esquisse un sourire et relève la tête. J'entends les pas de Caleb derrière moi et je ne lui laisse pas le temps d'arriver à ma hauteur que je me retourne déjà pour lui faire face. Si moi je suis souriante, lui a plutôt l'air d'être mal à l'aise.
- T'es nerveuse?
- Pourquoi je serais nerveuse ?
- Tu vas avoir des responsabilités.
- Et alors ? Je suis largement capable de gérer.
- Je sais, je sais...
- Par contre toi, t'as vraiment pas l'air bien.
- Je vais très bien.
- Alors pourquoi on a l'impression que t'as été piqué par un Bnahabra ?
- Tu exagères !
- Non !
- Si tu étais à ma place tu serais dans le même état !
Je me tais, croise les bras et l'observe un instant en silence tandis qu'il détourne le regard. Je termine par soupirer et vient doucement me blottir dans ses bras. Il se laisse faire et ne tarde pas à m'enlacer à son tour.
- T'en fais pas, tout va bien se passer.
- Comment tu peux le savoir ?
- Parce que t'es fait pour ça. T'as un don et ça serait bien stupide de ne pas t'en servir.
Il est certain qu'il a un don oui pour s'occuper des Sleipnir. C'est comme ça, il est né avec et c'est pour cela qu'il a choisi le Clan Harrison quand le moment est venu de choisir. Bien sûr, notre père n'a pas très bien pris la chose sur le moment car il aurait voulu que Caleb choisisse la même voie que lui et la même voie que moi mais il trace son propre chemin et personne ne peut ou doit lui en vouloir pour ça. D'ailleurs, notre père ne lui en veut pas, il a pris sur lui pour accepter la situation. Un silence s'installe jusqu'à ce que je sente l'étreinte de Caleb se resserrer.
- Tu crois que papa sera quand même fier de moi ?
Blottie dans ses bras, j'esquisse un sourire.
- Il l'est déjà.
Oh oui il l'est, il me l'a dit. Je note ceci dit dans un coin de mon esprit qu'il va falloir que notre père parle de ce qu'il ressent à Caleb afin de le rassurer : je ne veux pas que mon frère jumeau ne s'imagine que notre père n'est pas fier de lui alors que c'est tout le contraire.
∏∏∏∏
A la lueur de quelques flammes, installée sur ma couche, les jambes croisés, la pierre frotte la pointe de la flèche, encore, et encore, de façon à l'affûter le plus possible. C'est un rituel quotidien que j'accomplis chaque jour à la nuit tombée de la nuit et ce depuis que cet arc est en ma possession. J'y faisais attention auparavant mais j'y fais d'autant plus attention maintenant que j'officie au poste de garde. D'ailleurs, la lame de mon épée recourbée n'échappe pas à l'affûtage elle non plus quand j'ai terminé de m'occuper des pointes de mes flèches. Le temps file à une telle vitesse... Voilà un moment maintenant que Caleb et moi travaillons comme tant d'adultes. Nous menons notre propre vie à présent. Nous vivons ensemble lui et moi, sans notre père. Nous l'avons toujours souhaité : lui et moi, rien que nous deux quand nous aurions l'âge. J'esquisse un sourire : j'aime cette vie telle qu'elle est. Enfin, elle n'est pas tout à fait parfaite puisque depuis quelques temps, Caleb s'est amourachée d'une jeune femme et il passe pas mal de temps avec elle, du temps qu'il pourrait passer avec moi mais je n'ai pas d'autre choix que de m'y faire : il est amoureux, c'est comme ça. J'imagine que ça passerait mieux si j'étais moi-même folle d'un garçon mais ce n'est pas le cas. Passer de bons moments avec certains oui, m'engager non. Pas l'envie. Pas le besoin. Pas le courage peut-être aussi.
- Hey Yance.
- Tu rentres tard.
Je la répète bien souvent cette phrase mais elle n'est jamais agressive bien que j'aime offrir à mon frère une moue boudeuse exagérée qui le fait toujours rire. Je mets donc la moue boudeuse en place avant de relever mon regard vers Caleb sauf que lorsque je croise son regard, ma moue disparaît pour laisser la place à un visage inquiet : avec la tête qu'il fait, il a un truc pas très agréable à m'annoncer, je le sais. Nous ne sommes pas jumeaux pour rien...
- S'passe quoi ?
Il ne répond rien. Il ouvre la bouche mais la referme. Il se frotte nerveusement le bras et finis par détourner le regard cherchant ainsi à fuir le mien. Si quelque chose était arrivé à notre père, il n'agirait pas cette façon. Non, là, ce qui le mine c'est...
- Oh...
C'est tout ce que je trouve à dire d'abord quand je comprends ce qui se passe, ce qu'il est sur le point de m'annoncer. Je détourne moi-même le regard et me mets à observer le sol, mon cœur se serrant un peu plus à chaque seconde.
- Tu pars, tu vas vivre avec elle...
Alors que les mots sortent de ma bouche, les larmes me montent aux yeux et j'ai du mal à les ravaler.
- Je sais que tu ne l'aimes pas...
- Ce n'est pas que je ne l'aime pas... C'est...
A quoi bon en parler ? Il a pris sa décision. Je recommence à affûter la pointe de ma flèche, n'y voyant plus grand chose à travers mes larmes mais c'est bien plus facile de m'occuper de ma flèche plutôt que de relever mon regard vers Caleb qui vient d'ailleurs s'installer à côté de moi. Il pose d'abord une main sur mon épaule et voyant que je continue de l'ignorer, il vient poser ses mains sur les miennes pour m'empêcher de continuer à affûter la pointe de ma flèche. Forcément, au bout d'un moment je suis bien obligée de le regarder.
- C'est quoi alors ?
- Elle t'enlève à moi... Forcément, ça coince, tu vois ?...
- Yance...
- Je sais, je sais... Fallait bien que ça arrive, on pouvait pas passer notre vie ensemble mais enfin...
Je soupire. Renifle.
- C'est quand même rapide...
- Je l'aime.
- Aaaaahhhh, je veux pas le savoir !
Rien que l'entendre dire ça me me fait frisonner et pas de plaisir hein. On s'observe un moment en silence, il esquisse un sourire, essuie mes larmes à l'aide de ses pouces et je termine par lui sourire également.
- J'te préviens qu'elle a intérêt à être gentille avec toi et à t'aimer comme tu dois être aimé sinon je lui plante une flèche dans le pied.
Son sourire s'élargit, le mien aussi, il vient poser son front contre le mien.
- Je t'aime Yance.
- Moi aussi je t'aime Cal.
Et c'est parce que je l'aime si fort que l'idée qu'il aille vivre avec cette fille me fait mal au cœur mais je ne peux pas le garder près de moi, pas si lui ne le veut pas... Il est amoureux, c'est bien. Je ne veux que son bonheur alors... Qu'il y aille. Qu'il soit heureux et ça ira.
Tout ira bien.
Mes doigts se referment avec force autour de la sangle, je tente d'avoir la meilleure prise possible mais Sargas bouge beaucoup, malgré les mots réconfortants de mon frère. Il est cependant normal que le Sleipnir bouge et tente de se dégager : il a mal. Antarès est attaché à un arbre plus loin, il patiente sagement. Tout s'est passé si vite que j'ai bien cru que nous n'allions pas réussir à rattraper Sargas mais heureusement, nous y sommes parvenus. Ceci dit, la seule raison pour laquelle nous y sommes parvenus c'est parce qu'il s'est empêtré dans des ronces dont les épines à elles seules me retournent l'estomac. Le pauvre animal a mal mais il faut qu'on parvienne à le dégager sinon... Sinon, nous savons ce que nous allons devoir faire et ni Caleb ni moi ne souhaitons en arriver là : ôter la vie de Sargas est bien la dernière chose dont nous avons envie. Lui et Antarès sont de la même portée, frères, liés comme Caleb et moi sommes liés. Nous ne voulons pas le perdre mais j'ai peur : peur pour Sargas, peur pour Caleb aussi car si l'animal s'est empêtré dans des ronces, il est en bord de falaise. Oh elle n'est pas bien élevée mais assez en pente pour blesser gravement Cal s'il tombe et il a tenu à se mettre de ce côté-là pour tenter de dégager le Spleipnir.
- Bien, à trois, tu tires vers toi de toutes tes forces pendant que je pousse, d'accord ?
- J'en sais rien...
- Yance...
- C'est dangereux, on ferait mieux d'aller chercher de l'aide !
- Il va mourir si on ne l'aide pas !
Je me tais, je regarde en silence les blessures du Sleipnir et je sais que mon frère a raison. Si on ne le dégage pas de là, il va continuer à se débattre, ses plaies vont s'aggraver et non seulement il va souffrir mais en plus il va se vider de son sang.
- D'accord, d'accord.
Je hoche la tête, resserre davantage ma poigne autour de la sangle et ancre bien mes pieds dans le sol. La main de mon frère caresse Sargas, il lui murmure quelques mots pour le rassurer puis il me jette un regard.
- Un...
Mon cœur se met à battre plus vite.
- Deux...
Je prends une profonde inspiration.
- TIRE !
Et c'est ce que je fais, je tire, je tire véritablement de toutes mes forces quand tout à coup je suis projetée en arrière. Mon dos cogne contre un arbre et le choc m'en coupe presque le souffle. L'arrière de ma tête cogne aussi et quand je me retrouve au sol, je plaque aussitôt ma main contre mon crâne en poussant un cri : ça fait très mal. Je relève malgré tout la tête, je vois Sargas s'agiter mais je ne vois plus Caleb.
- Non... je murmure dans un souffle avant de me redresser.
Je m'approche de Sargas mais ne m'attarde pas sur le Sleipnir car je me penche et je vois Cal en bas de la pente. Mes entrailles se nouent.
- CAL ! je hurle avant de dévaler la pente, douleur à la tête ou pas.
Lorsque j'arrive à hauteur de Cal, je me fige durant quelques instants, horrifiée par ce que je vois. Il est allongé sur le dos mais si ce n'était que ça... Son torse est empalé sur une racine d'un arbre immense, une racine résistante, incassable...
- Cal...
Je m'approche les mains tremblantes et me mets à genoux à côté de lui.
- Cal... je répète encore une fois tandis que mes mains viennent entourer la racine pour essayer d'arrêter l'hémorragie déjà importante.
- C'est... Pas joli à voir... murmure Caleb, le souffle coupé, un filet de sang s'écoulant de sa bouche.
- Ne bouge surtout pas, je vais... Je vais trouver quelque chose...
Je regarde autour de moi, j'essaye de réfléchir malgré la panique qui s'empare de mon être au fur et à mesure que je sens le sang de Cal s'écouler entre mes doigts malgré ma pression.
- Yance... J'ai froid...
Je reporte mon attention sur Caleb et m'aperçois avec horreur que le sol sous son dos est lentement mais sûrement inondé de son sang.
- Cal, je vais trouver... Je vais...
Mais je ne suis capable que de me mettre à pleurer parce que je n'ai rien, je ne peux rien trouver. Je ne peux rien faire... Pas seule mais le temps que j'aille chercher de l'aide...
- Je ne sais pas quoi faire... je termine par avouer la voix tremblante entre deux sanglots.
- Yance... Fais quelque chose... Pour moi...
- Quoi ?
Je plante mon regard voilé de larmes dans celui de Yance.
- Il faut pas... Que tu laisses Sargas souffrir...
- Non, tu parles pas comme ça. Reste avec moi. Tu restes avec moi ! Regarde-moi et écoute-moi ! Cal ! Tu vas pas mourir, t'as pas le droit, tu sais pourquoi ? Parce que je peux pas vivre sans toi...
Des larmes naissent dans les yeux de mon jumeau tandis que j'approche mon visage du sien.
- Je sais pas comment vivre dans un monde où t'existes pas... J't'en prie... J't'en supplie...
Il esquisse un sourire. Crache un filet de sang.
- Tu vas... Devoir... Apprendre...
Son torse se soulève une fois, deux fois puis plus rien. Son regard se voile puis se vide.
- Cal ?... Cal... Non... Non, pars pas...
Quelque chose se brise en moi. J'ai tout à coup la terrible impression qu'on vient de me déchirer en deux et tandis que je pose mon front contre celui de mon frère, cette impression grandit davantage encore. Je pleure. Je pleure encore, et encore. Je reste là, j'ignore combien de temps, mais je reste là. Puis, me parvient une plainte et je rouvre les yeux. Sargas... J'éloigne mon visage de celui de Caleb, je ferme ses yeux sans prêter attention à mes mains pleines de sang puis me redresse avant d'entreprendre de remonter la pente. A plusieurs reprises je trébuche, les jambes trop tremblantes pour me soutenir mais quand j'arrive enfin en haut, mon regard se pose sur Sargas. L'animal souffre beaucoup. Dans un geste tendre, ma main gauche vient se glisser dans sa crinière.
- Chut, je suis là... je lui murmure tout bas.
Je viens poser mon front contre le museau de l'animal puis, ma main droite se referme sur le manche de mon épée recourbée et, comme l'a souhaité mon frère, je mets à ses souffrances.
Si seulement je pouvais mettre fin aux miennes...
∏∏∏∏
Les genoux repliés contre moi-même, je fixe le vide droit devant moi. Le néant. Mon néant maintenant que Caleb est parti. Je pourrais repasser les images de la magnifique cérémonie qu'il a eu lieu en son honneur, je pourrais repenser aux gentils mots que ses amis ont dit à son sujet, je pourrais penser au fait qu'il n'est jamais que retourné à Vesta et que j'y retournerai aussi un jour et que ce jour-là je le reverrai mais à la place, je ne fais que penser encore et encore à ce qu'il s'est passé dans la forêt. Je me revois tenir cette sangle, peut-être pas avec assez de force... Et puis je me vois essayer d'arrêter l'hémorragie sans y parvenir, je me vois être incapable de le sauver...
- Yancy ?
La voix de mon père me sort de mes pensées. Je lui fais signe d'entrer avant de me détourner de lui, préférant retrouver mon néant. Je le sens s'asseoir à mes côtés et il demeure au départ silencieux. Je ne cherche même pas à prendre la parole : pour lui dire quoi ? J'ai déjà dû lui annoncer que Caleb était mort... J'ai prononcé quelques mots au moment des funérailles mais rien de ce que peux dire ne consolera mon père : il a perdu son fils.
- C'était une belle cérémonie. Il était vraiment aimé...
- Oui...
Voilà le seul mot que je parviens à prononcer tandis que mon esprit vagabonde de nouveau vers ces moments terribles où je n'ai pas su quoi faire.
- Yancy, parle-moi.
Je secoue la tête.
- Je ne supporte pas de te voir dans cet état.
Je glisse mon regard sur mon père et l'observe silencieusement un instant : il s'inquiète pour moi ? Il a déjà assez à faire à pleurer son unique fils, non ? Et pourtant... Je crispe la mâchoire.
- J'arrête pas de repenser à ce qu'il s'est passé... Ce que j'aurais pu faire pour le sauver...
- Tu ne pouvais rien faire Yancy.
- J'aurais dû remonter tout de suite, prendre Antarès et venir chercher de l'aide.
- Non, ça n'aurait rien changé, et tu le sais. Sa blessure était trop grave.
Ce à quoi je ne réponds rien. Mon père a beau tenter de me rassurer, rien n'y fait : je me sens coupable, c'est tout.
- J'ai quelque chose pour toi.
Je fronce les sourcils puis écarquille les yeux quand je le vois brandir l'arbalète de Caleb, une arbalète qui avait appartenu à notre grand-père, une arbalète qu'il avait confectionnée lui-même et que notre père avait offert à Caleb. Une arbalète qu'il veut me confier à présent ? Apparemment oui, seulement...
- Non, elle est à Cal.
- Il aurait voulu qu'elle t'appartienne.
- Non, je ne veux pas.
- Yancy, tu dois la prendre. C'est important pour lui et pour moi. S'il te plaît.
J'observe la beauté avec une certaine révérence, comme je l'ai toujours fait et j'hésite encore un long moment avant d'enfin oser glisser mes doigts dessus. C'est alors que les larmes me remontent aux yeux. Je caresse l'arbalète et mes épaules se mettent à trembler.
- Yancy...
- Comment je vais faire sans lui ?...
C'est finalement dans les bras de mon père que je m'effondre et si c'est la première fois depuis la mort de Caleb, ce ne sera certainement pas la dernière.
Je dépose Antarès à l'enclot et croise au loin le regard de Syracuse. C'est son sourire qui me fait sourire et à son regard entendu je réponds par un hochement de la tête presque imperceptible. J'irai le retrouver plus tard. C'est devenu récurrent entre lui et moi, pourtant, nous ne sommes pas ensemble, loin de là. S'accrocher ? Quel intérêt puisque ça finira dans les larmes comme ça a fini dans les larmes pour la femme que Cal aimait ?... Alors, même si c'est la première fois que je vois un homme avec tant de régularité, ce n'est pas sérieux et ça ne doit pas le devenir. Syracuse a été là après la mort de Cal et pour cause, mon jumeau était son apprenti alors il a lui aussi beaucoup souffert quand il est mort. Il a trouvé des mots qui ont su me faire du bien mais au final, ce sont surtout ses bras et ses caresses qui ont réussi à me faire oublier mon chagrin. Je l'ai cherché, je l'ai trouvé, pour mon plus grand plaisir. Et ça dure, pour mon plus grand plaisir.
- Tu devrais faire attention.
La voix de mon amie m'éloigne du regard de Syracuse et je me tourne vers elle.
- Pourquoi ?
- On connaît tous sa réputation et toi...
- Moi quoi ? J'ai pas meilleure réputation que lui, si ?
- Quand même...
- Je suis bien avec lui et il ne me demande rien comme je ne lui demande rien. Dès l'instant où ça nous va, je ne vois pas bien le problème.
- D'accord, d'accord. Comme tu veux.
- Voilà.
Je ne tiens pas à me disputer avec elle mais il est clair que si elle insiste, il y aura une dispute. Ce que je fais de mon corps ne regarde que moi et tant que ça m'apporte une once de bonheur, je ne me vois pas y renoncer. Je sais bien qu'elle n'est pas la seule à voir cela d'un mauvais œil... Amarok m'en a parlé lui aussi mais lui non plus n'a pas insisté et heureusement car je ne tiens vraiment pas à me disputer avec lui. Il est mon roc depuis la mort de Cal, celui auquel je m'accroche par peur de sombrer de nouveau comme j'ai pu sombrer juste après la mort de mon frère. J'évite d'ailleurs de trop réfléchir à ce qu'Amarok représente pour moi car je sais au fond ce qu'il est, je sais ce qu'il est devenu depuis la mort de Cal et ça va loin, très loin, trop loin : je reporte tout sur lui, tout, mais je ne veux pas qu'il le sache. Qu'est-ce qu'il dirait si je lui disais qu'il est un nouveau frère ? Il ne remplacera jamais Cal car personne ne prendra sa place mais il en a une sacrée place dans mon cœur. Mon coeur qui n'est pas complètement mort contrairement à ce que j'ai cru juste après la mort de Cal. Je sais cependant que mon cœur a changé comme mon âme a changé quand elle a été brisée au moment où Cal a poussé son dernier souffle et j'ai peur. Peur de celle que je deviens, peur de celle que je serai dans le futur. J'ai peur de ne pas être à la hauteur et de les décevoir tous, même en faisant de mon mieux.
J'ai peur et j'ai peur de cette peur. J'ai peur qu'elle ne me ronge comme l'absence de Cal me ronge.
J'ai peur.
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(Je cite Syracuse et Amarok avec leur autorisation suite à l'élaboration de nos liens via MP)